[Rencontre] Nathan Paulin et Danny Menšík, le face à face amical au delà du record du monde de Highline

[Rencontre] Nathan Paulin et Danny Menšík, le face à face amical au delà du record du monde de Highline

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Le 19 et 20 avril 2016, le record du monde de traversée de highline, la slackline des sommets, a été pulvérisé par Nathan Paulin et Danny Menšík à Aiglun, dans les Alpes Maritimes (France). Ensemble, ils ont franchi un kilomètre en highline (1020 m  plus exactement). Ils ont plus que doublé le précédent record de 495m. J’ai eu la chance de les rencontrer à Aiglun. J’avais envie de leur demander de répondre pour l’autre, comme une thérapie de couple, comme une scène des Zamours à la télé. Rien à gagner, si ce n’est le plaisir de voir que l’amitié est bien là. quelques rires parfois et leur satisfaction de voir qu’ils se connaissent plutôt bien.
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L’histoire d’une idée, de deux potes et d’une équipe

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Danny, Le blond ébouriffé et Nathan, le grand brun barbu, tous deux férus de montagne, se sont connus il y a trois ans, aux Naturals Games, festival où ils ont fait ensemble leur précédent record l’an dernier. Ils sont vite devenus amis et l’envie de faire un nouveau projet ensemble les a réunit. Avant d’être l’histoire d’un record, celui qui restera dans toutes les mémoires, c’est l’histoire d’une amitié, d’une équipe et d’une bande de copains.
Danny qui poursuit des études de kiné à Prague est venu vivre sur Nice durant deux semestres. C’est en grimpant dans le secteur du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur et plus particulièrement du côté d’Aiglun qu’il a découvert ce secteur. La petite graine a germé.
Ces dernières années, et surtout en 2015, le monde de la highline a vu s’enchainer une série de nouveaux records (Cf infographie). Selon Danny, « Il fallait mettre fin à cette chasse aux records en allant plus loin, jusqu’au kilomètre… ». En 2009 le record était de 60 mètres. Qui aurait cru cela possible il a quelques années? Ensemble, ils ont eu envie de tenter l’exploit du kilomètre.
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Pourquoi ensemble ?

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Il est impossible de faire ce genre de projet seul. Pour y arriver, il faut des sponsors, une bonne équipe pour faire les installations et désinstaller. Et puis surtout le partage fait parti de la discipline.
« Tu ne montes pas une ligne pour la passer seul, t’as envie de la partager ».
D’ailleurs, Nathan et Danny auraient aussi voulu partager cette aventure avec Théo Sanson, ancien détenteur du record dans l’Utah, mais une blessure quelques semaines avant l’en a empêché.
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Un record, le parcours du combattant semé de doutes

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Passé les différentes démarches de demandes d’autorisations réglementaires, de questionnement sur la faisabilité et après avoir convaincu et rassuré familles et sponsors, vient le moment de la mise en place de la ligne avec l’équipe (lire l’article d’e-adrenaline). Techniquement, ils savaient qu’ils étaient prêts, en forme et entrainés. Ils ont pu le vérifier ensemble dans les gorges du Daluis, mais aussi avec l’évènement du Winter Festi-Slack aux Arcs quelques jours auparavant.  Mais une fois affranchi de toutes ces étapes, la ligne mise en place, Danny a un bout de la ligne et Nathan à l’autre, ils ne distinguent de l’autre qu’un minuscule point à l’horizon. Les doutes reviennent subitement… Puis vient (enfin) le moment de monter sur la ligne.
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Les pieds sur la slack qu’est ce qu’on ressent ?

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Mais dès le premier pas sur la ligne, ils savent déjà, l’un comme l’autre, qu’ils vont réussir ce challenge.
Nathan est le premier à avoir passé la ligne. Du premier coup. Selon Danny, Nathan a une force mentale, « il est calme, il puise sa force en lui, c’est un guerrier ». Nathan me confie que cette ligne, lui a généré beaucoup de stress, et du coup pas autant de plaisir qu’une ligne faite « sans enjeux ». Dans le cadre du record, à la moindre chute, il faut tout recommencer.
Pour Danny c’était une autre histoire, évidement, il était content pour Nathan mais était chargé d’une pression supplémentaire pour passer lui aussi la ligne. Lors de son premier passage, il a passé la ligne entière sur poulie pour la dévriller. Il est donc monté sans pression, juste pour « l’apprivoiser » et la découvrir. « J’ai essayé comme ça, je savais que ça ne passerait pas ce coup-ci. avec ces pensées dans la tête, j’étais super bien, j’ai juste profité de la ligne » me confie-t-il. Danny a fait un catch après 100 m car le leash (cordon de sécurité) s’est coincé dans son orteil. Après cette chute, il a presque fini la traversée entière. Le temps était parfait. Il était simplement content d’être sur la ligne. il sentait que c’était possible. « J’ai réalisé que j’allais le faire » m’a-t-il confié.
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Et la suite ?

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Je me suis demandée s’ils avaient envie d’aller encore plus loin… De repousser les limites du possible. Encore. Mais leur réponse ne s’est pas fait attendre et a été unanime : « Non merci, nous laissons cela aux autres maintenant, s’il y a des motivés… » En réalité, l’un comme l’autre ont des projets, mais dont le but n’est pas la performance de la longueur, mais la beauté des lignes et des challenges (en montagne pour Danny, en ville pour Nathan) où ils peuvent prendre du plaisir, entre copains! Nathan se rend assez régulièrement en Chine et Danny garde dans le coin de sa tête des projets highline en Patagonie, un jour.
L’humilité de ces deux copains fait plaisir à voir. Deux belles personnes à qui je souhaite de beaux projets sur des slacklines, des sensations et du partage, longtemps encore.
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Les plus belles lignes de votre vie...
Il y a toujours LA ligne qui marque le slacklineur. Vu leur parcours, j’avais envie de savoir quelles étaient ces lignes et pourquoi.
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Pour Nathan, la ligne la plus folle reste celle d’Aiglun avec ce record du kilomètre. Une autre très belle ligne était celle des gorges du Daluis cet hiver, avec la neige qui s’est invitée à l’évènement. Mais sans hésitation, celle où il a eu le plus d’émotion reste une ligne dans les gorges du Verdon. Un débloquage s’est produit dans sa tête, et il s’est senti vraiment bien… Un souvenir ancré.
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Pour Danny ce fut un projet en Autriche avec Alex Schultz qui a marqué son esprit. Un projet de ligne de 110m de long, sur une crête de montagne avec 200m de vide, très exposé. C’est pour lui la plus belle ligne qu’il ait faite, mer de nuage en prime. C’est une ligne qui se mérite, 4 h d’approche en escalade! Mais la traversée qui lui a valu le plus d’émotion, ce fut lors de son premier record aux Natural Games : ça faisait un an qu’il savait qu’il pouvait faire record et qu’il n’avait pas l’occasion de le prouver. Son premier record fut un moment fort pour lui.

 

 



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