Le moustique, votre hôte Camarguais

Le moustique démange, le moustique dérange !
En 2005 des centaines de millions de moustiques envahissent le territoire camarguais entraînant la colère des habitants qui n’osent plus sortir… Les pouvoirs publics s’inquiètent des répercussions sur l’économie touristique et certains craignent des potentiels risques sanitaires. La décision est alors prise : démoustiquer ! Ainsi, dès 2006, la démoustication biologique, au BTI (larvicide qui agit par ingestion), est expérimentée en Camargue. Cependant, cette solution semble loin d’être idéale, notamment si l’on considère ses possibles répercussions sur la biodiversité.
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Un nuisible utile.
Sur les 40 espèces de moustiques trouvées en Camargue, 10 seulement piquent ( et les femelles uniquement). Elles puisent dans le sang un complément de protéines nécessaires à la maturation de leurs œufs. Même si plusieurs espèces locales ont des capacités de transmission vectorielle, les Aedes « locaux » (en dehors de la ville) ne transmettent pas à ce jour de maladies à l’homme en Camargue. La raison sanitaire ne serait donc pas vraiment valable. Au contraire même ! Toute réduction de la biodiversité tend à favoriser l’installation et la prolifération d’espèces exotiques qui pourraient être vecteur de maladies.
Cette démoustication pourrait également avoir des effets néfastes sur l’écosystème camarguais. En effet, le moustique sert d’alimentation de base à la libellule, au poisson, à l’hirondelle, la chauve-souris (qui peut engloutir 3 000 moustiques en une seule nuit !). Les chironomes, dont les larves nourrissent flamant rose et les amphibiens seraient également menacés…
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En dehors de la démoustication, quelles solutions ?
Même si la Camargue est l’une des zones les plus productives en moustiques (on compte jusqu’à 100 000 œufs au m²), cette prolifération est aussi due à l’homme pour 1/3 des closions. En effet, la mise en eau artificielle (riziculture, chasse…) déclenche des éclosions massives et participe largement au phénomène. Avec une meilleure gestion de l’eau, on pourrait donc diminuer d’1/3 le nombre de moustiques.
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Une solution miracle dans la lutte contre l’insecte ?
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Le moustique, ennemi des vacanciers ?
Le visiteur lors de son passage en Camargue, doit s’accommoder de cet état de fait pour quelques jours, qui est le lot quotidien des Camarguais. Même si aujourd’hui le système est fragile et peine à s’équilibrer dans la dichotomie homme-nature, le moustique a joué un rôle considérable dans la protection du littoral et il a participé à la protection de la Camargue, faisant fuir les hordes de promoteurs ! Au final, le moustique – le mal-aimé – est aussi emblématique que le taureau, le flamand ou le cheval en Camargue ! Ce serait dommage de ne pas en croiser quelques uns !
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Article publié dans le Guide Tao PACA (éditions Viatao) et mis à jour en décembre 2015 – Par Delphine Berlioux.
Crédit photo : (c) JR Guillaumin